2 • UN CHEMIN PITTORESQUE
Chapitre 2
Le chemin du calvaire part de l’église paroissiale, il est grossièrement pavé, ici on dit « calade ». Il emprunte d’abord la rue de l’église, puis l’ancien chemin du Puy, aujourd’hui chemin de randonnées pédestres, jusqu’à la 5ème station, avant de tourner à gauche pour arpenter la montagne du calvaire. Là, la « calade » passe entre les châtaigniers, traverse le hameau de Belvezet où il y a une chapelle dédiée à Notre Dame des sept douleurs. La montée continue jusqu’aux trois croix du sommet. Ce parcours, d’environ 2 km, fait monter de 540 m à 840 m d’altitude. Le chemin continue après le calvaire et descend jusqu’à la chapelle du hameau de Belvezet. Là, il rejoint l’itinéraire emprunté à la montée.
Sur le chemin de croix, 24 stations ou petits oratoires sont construits en pierre du pays : le granit, 8 stations sur le parcours du retour. Au total, 32 stations toutes recouvertes de tuiles rondes jalonnent le chemin, au sommet, les trois majestueuses croix du calvaire. Le tout s’intègre admirablement au site. Sur ce parcours, de belles prises de vues sont possibles en toute saison : nos vallées, le bourg, des hameaux, les terrasses construites pour retenir la terre et rendre possible les cultures témoignent d’un travail de longue haleine. L’altitude du calvaire correspond à la limite de la châtaigne très ancienne, après les hêtres boisent les montagnes et quelques plantations de sapins sur des terres devenues incultes. Dans un document du 5 janvier 1760, le curé Alix Benoit signale le calvaire « très fréquenté » au lieu et place où il se trouve aujourd‘hui. Ce parcours est voulu pour un geste de foi, sa permanence indique que le choix fut heureux.
LES CONFRÉRIES
Chapitre 3
Les confréries au XIIIe siècle portaient le nom de « Flagellants » car ces groupes de chrétiens fervents se flagellaient en souvenir de la Passion et en signe de pénitence. Dans les couvents, religieux et religieuses se donnaient la discipline.
Il est vraisemblable que les premiers figurants de la Passion étaient des »flagellants ». Ces pieux laïcs étaient des hommes de prière, ils chantaient des cantiques en l’honneur de la Vierge Marie et de la Passion. Ils s’adonnaient aussi à la charité envers les plus pauvres. Ils étaient très répandus dans le midi de la France. Même s’il n’y a pas de trace sûre de leur présence à Burzet, il est évident que des processions dans les rues et sur le chemin du calvaire étaient une dévotion correspondant à leur sensibilité religieuse. Il se peut que Jean Rivière qui portait la croix en 1325 fut un « Flagellant ».
Certaines de ces confréries du XIIIe et XIVe siècle évoluèrent et devinrent des corporations comme les constructeurs d’églises que l’on trouve à Burzet au XIVe et XVe siècle.
Contexte
Au XVe siècle, au moment où l’on construit l’église actuelle, il y a dans la paroisse 190 familles taillables (imposables). Voir les notes de l’Abbé Adrien Paquet et dans ‘une paroisse en Vivarais, Burzet’, il y donne tous les détails relatifs à la construction de l’église.
Au XVe siècle, en 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive. 1453, fin de la guerre de Cent ans, Gutenberg invente l’imprimerie à la même époque.
LA RESTAURATION DU PERE VIGNE
Chapitre 4
Pierre Vigne est né à Privas, le 20 août 1670, dans une famille où son père est protestant et sa mère catholique. Il devient prêtre, missionnaire diocésain, puis prêtre de St Vincent de Paul (Lazariste). Fondateur des sœurs du Calvaire qui deviendront plus tard les sœurs du Saint Sacrement, la maison mère est actuellement à Valence.
Ce prêtre fonde des chemins de croix partout où il prêche des missions, 32 au total.
A Burzet, le chemin de croix existe déjà, alors il le restaure au cours de la mission qu’il prêche à Burzet du 4 mars au 22 juin 1715. Un document signale qu’il a restauré la chapelle de Notre Dame des sept douleurs à Burzet, cette chapelle est à mi-parcours du chemin de croix.
Le Père Pierre Vigne avait écrit en 1712 un chemin de croix pour Boucieu-le-Roi. Il comporte à peu près le même nombre de stations qu’à Burzet. Ce livret permet de savoir comment s’organisait la méditation proposée par le Père Vigne en 1715. Cette méditation commence au jeudi saint, passe par toute la méditation de la Passion, puis la Résurrection, l’Ascension, Pentecôte.
Pierre Vigne appelait le chemin de croix le voyage du calvaire car en esprit, il conduisait les paroissiens à Jérusalem, là où Jésus a été crucifié et est ressuscité.
Une méditation savoureuse en français comme en témoigne son livret de 1712 : ici, tous pouvaient comprendre les récits et les commentaires, alors qu’à l’époque la messe était en latin, sauf l’homélie.

Les Missions du Père Vigne attiraient beaucoup de monde qui, de ce fait, se trouvait mieux connaître l’Evangile pour le vivre.
« Il y avait en 1715 quatre cent familles à Burzet faisant seize cents communiants tous catholiques » (biographie de Montravel).
Dans les notes du Père Vigne, on trouve en 1715, seul le village de Burzet, où il restaure le grand chemin de croix, reçoit sa visite pour une Mission qui dure du Carême à l’été.
« Les 350 livres que j’ai mis dans mon cabinet sont pour acheter des ornements pour la paroisse de Burzet le 24 septembre 1715, Vigne.
Quête du calvaire 14 sols de 5 liards levés à l’aumône de la croix, plus de 19 sols de 5 liards, et quelques écus en pièces, pliés dans un papier.
J’ai envoyé à Burzet tous les ornements qui restaient, et en surplus une étole estimée 20 ou 30 livres, 4 vases dorés, 3 tours d’étoles à dentelle, 2 autres de toile fine pour agrandir et élargir l’aube.
Je veux qu’on donne à l’église de Burzet ma chasuble de satin à fleurs rouges sur fond blanc ...27 septembre 1723. »
Des liens s’étaient établis entre le Père Vigne et Burzet comme en témoignent ces quelques citations.
Le procès de béatification est en cours d’étude à Rome. Espérons que Pierre Vigne sera un jour béatifié.
Contexte
Il est évident que la principale activité de la population est l’agriculture. A cette époque, le bourg prend de l’importance. Voici comment le curé Alix Benoît décrit le bourg en 1760 deux cent seize foyers, une caserne pour une compagnie de soldats. Presque tous les habitants du bourg sont artisans, cardeurs, tisseurs de laine ou tisserands, et les femmes y font des bonnets de toutes pièces qui leur laissent quelques petits profits, l’église est située à la tête de ce bourg et le château du seigneur à son avant, avec les hameaux cinq cent soixante quatre foyers.
Après les épidémies de peste du XVIe et du XVIIe siècle et les guerres de religion, ce XVIIIe siècle fut l’époque où les moulins à grains devinrent presque tous des moulinages de soie.
Commencement de la culture de la pomme de terre.
Au XVIIe siècle, le protestantisme est bien implanté à Burzet. La place du Temple, par son nom, en garde le souvenir.
En 1617, les Calvinistes détruisent la voûte centrale de l’église ; elle sera rebâtie en 1621, sans ogive et en plein cintre.
1727-28, construction au hameau du Villard, de la chapelle Saint Bénézet.
Pendant la terreur surtout, la Révolution fut dure à Burzet. Quelques extraits du Conseil révolutionnaire qui siège dans l’église devenue « temple de la raison » : « Afin d’éteindre le fanatisme, de brûler les livres de messe dans les maisons et de faire abattre les statues et les tableaux de l’église, enfin de remettre à la municipalité les crucifix, cahiers, ciboires, .. » 20 janvier 1794.
« Un membre a observé qu’il fallait retirer les calices et ornements qui servaient à dire la messe aux chapelles du Villard et de Belvezet et d’y abattre Christ et statues et de les envoyer à Largentière. Un autre membre fait observer que l’église (où il siège) soit appelé plus comme telle, mais temple de la raison, ce qui est arrêté le 28 janvier 1794.
« Abattre toutes les chapelles du calvaire jusqu’à fondement afin d’éteindre le fanatisme, arrêté à l’unanimité… 21 avril 1794 »
On voit tout de suite le ton du débat.